Histoires Anciennes du CVS

Une touchante histoire d’amour qui s’est passée au temps jadis dans notre secteur    

panneauLa grotte du Déserteur, une cavité rocheuse peu profonde, bien cachée se situe au milieu de la forêt, près de la Serva.

Vers 1809 vivaient à la Haute-Goutte d’honnêtes et laborieux bûcherons. Ils étaient les parents d’une charmante jeune fille et unique enfant, Louise. Jean, un jeune homme connu pour être travailleur et consciencieux, avait été élevé avec Louise. Ils jouèrent puis grandirent ensemble, se prirent de tendre affection et se fiancèrent pour le bonheur de tous.

Ce bonheur fut vite troublé. En effet, un tirage au sort défavorable obligea Jean à partir pour l’armée.
Un riche particulier de Schirmeck qui avait été ébloui par la beauté de Louise s’était épris d’elle et profita de l’absence de Jean pour lui faire une cour assidue. Il lui raconta que le régiment de son fiancé allait partir en campagne. Feignant de compatir au désarroi de Louise, le galant la consola de son mieux.
Plus perfide encore, il rapporta que Jean était devenu violent et querelleur et qu’il avait été transporté en piteux état à l’hôpital. Il usa de ce mensonge pour demander la main de Louise. Bien qu’indignée par la soi-disant mauvaise conduite de son fiancé, Louise fut prise de doutes. Elle demanda à un ami de Jean de prier celui-ci de venir s’expliquer au village.

Abasourdi par ce qu’il entendit, Jean n’eût qu’une hâte, celle de défendre son honneur et demanda aussitôt la permission de rentrer chez lui, ne serait-ce qu’un jour. Impossible lui fut-il répondu, le régiment ayant reçu l’ordre de partir.grotte

Mais n’écoutant que son cœur, le jeune homme courut vers sa bien-aimée. L’arrivée inopinée au village de celui que l’on croyait mourant fit l’effet que l’on imagine. Lorsque l’imposteur revint au village et vit apparaître devant lui Jean en personne, il demeura bouche bée, et bredouillant s’enfuit la tête basse.

Mais l’infâme n’avait pas dit son dernier mot, car le soir même, sur le chemin de retour vers la caserne où il avait l’intention de se justifier, Jean fut attaqué par une bande de voyous, au service de l’amoureux éconduit. Jean fut transporté sans connaissance à la Haute-Goutte où les meilleurs soins lui furent prodigués. Malheureusement, pendant ce temps son ami, qui avait voulu plaider sa cause auprès de l’autorité militaire, avait appris qu’il était bel et bien considéré comme déserteur.

Que faire maintenant ? En réfléchissant bien, Jean et son ami se souvinrent d’une petite grotte, bien cachée dans la forêt, où dans le temps ils allaient jouer ensemble. C’était une excellente cachette. Jean alla s’y réfugier, avec la ferme intention de se présenter à son régiment dès le retour de campagne de celui-ci.

L’ami le ravitaillait tous les soirs, mais Jean osait à peine se montrer. Si l’été et l’automne se passèrent à peu près bien, la situation changea avec les mauvais jours. On avait beau lui apporter des couvertures, Jean finit par être transi de froid, et ne tenant plus en place alla souvent la nuit se réfugier chez les parents de Louise. Les allées et venues avaient fini par intriguer plus d’un villageois et l’ancien galant en fut averti. Celui-ci, bien sûr, se hâta de le dénoncer.

Un jour, les gendarmes cueillirent Jean à son arrivée à la ferme et le mirent en prison. Il risquait maintenant la peine de mort, châtiment normalement infligé à un déserteur. Pour conjurer le sort, Louise ne voyait plus qu’une issue pour sauver son Jean : demander secours auprès du pasteur Oberlin, le bienfaiteur du Ban-de-la-Roche. Bien lui en prit ! Le dévoué pasteur déposa lui-même une supplique auprès de Marie-Louise, la fiancée de Napoléon, de passage à Strasbourg vers Paris.

Quelques semaines plus tard, Jean revint au pays, gracié et de plus définitivement libéré du service militaire. La nouvelle impératrice avait obtenu gain de cause.

 

escalierLa joie de tous fut immense. Lors de la cérémonie de mariage, les jeunes époux rendirent grâce à Dieu et associèrent leur sauveur dans leurs prières.

L’histoire ne dit pas si si Louise et Jean eurent beaucoup d’enfants et s’ils vécurent longtemps.

 

Source : extrait du supplément des DN de Strasbourg « Les Vosges » 7/1928
Photos : Marcel Klipfel nov 2012

La grotte du déserteur est située à environ 400 m de la cascade de la Serva. Après la cascade et sa passerelle, continuer le chemin large en montant, prendre le virage à droite, le panneau ci-dessus indiquant la grotte se trouve à 300 m.

Un très agréable site de pic nic est aménagé tout près.


La neige dans les Vosges

Alors que l’on se plaint de l’irrégularité des chutes de neige il a paru intéressant, de consulter les archives vieilles de cent ans. Par chance, notre bibliothèque possède la collection 1912 du journal hebdomadaire «Ski & Bergsport in den Vogesen», éditée à  Ste Marie aux Mines, ce journal étant le correspondant officiel des clubs de ski alsaciens. Nous y avons relevé quelques informations :

Ski-GrandBallon

En décembre 1911

  • Le 22, il y avait 10 cm de neige au Grand Ballon, autant à la Schlucht par -2°, de 20 à 30 cm au Lac Blanc
  • Le 29, la neige avait fondu en partie au Grand Ballon. Il y avait peu de neige à la Schlucht, il y pleuvait.
    Au Lac Blanc peu de neige, alors qu’au Herrenberg on notait 30 cm. La température se situe partout autour de 0 °

Janvier 1912

Des chutes de neige, sont signalées en début de mois. Température autour de 0°
Le 12, les hauteurs de neige varient entre 40 à 50 cm sur les sommets avec des températures entre -3 et +3°. Le 19, il y a partout de la neige au dessus de 900 m, ce qui permet de skier. Le temps est beau. Température autour de 3°. A la fin du mois de janvier, les hauteurs de neige ont diminué. Par endroits elle a complètement disparu rendant la pratique du ski difficile, en particulier dans les montées depuis la vallée. Le ciel est couvert. Au Herrenberg on conseille même de ne pas emporter de skis. A savoir qu’à cette époque les skis étaient portés à la main ou sur le dos jusque sur les hauteurs enneigées (en général vers 900-1000m d’altitude)

 

Février 1912

Des chutes de neige et des températures négatives sont signalées en début de mois. Le 2, il neige, les températures sont descendues à -5 ° les hauteurs de neige poudreuse atteignent partout les 30 cm. Au Champ du Feu la hauteur de neige atteint 20 cm, il y fait -4 °. Mais très vite les températures remontent. Le 9 février il ne reste que peu de neige. Il fait doux.

  • Le 16, l’enneigement malgré un abaissement des températures et quelques chutes de neige ne s’est pas amélioré
  • Le 23 février : peu de neige, beau temps
  • Fin février la neige a pratiquement disparu des sommets

Mars 1912

Le 8 mars il avait neigé partout, entre 10 et 20 cm de neige poudreuse. Les températures sont entre -4 et -6°

Le 15 mars suite à redoux, il n’y a plus de neige dans les Vosges.

Mais le 22 mars, un nouveau manteau neigeux avait à nouveau recouvert les Vosges 36 cm au Grand Ballon, 25 cm à la Schlucht et 30 cm au Lac Blanc ; températures à -3°

SkieursRemorques3Avril 1912

L’hiver n’avait pas dit son dernier mot, car le 12 avril on signale 30 cm de neige fraîche au G Ballon, 35 cm à la ferme du Ballon, 20 cm au Lac Blanc. Il fait froid : entre -9 et -2°. Le ciel est clair Note de la rédaction Le journal paraissant le samedi, les informations lui étaient transmises la veille au soir, par téléphone depuis

  • L’hôtel du CV du Grand Ballon, alors situé près du sommet,
  • l’auberge du Ballon encore appelée Grosse Belchenhuette (actuellement ferme du Ballon à 1100m d’alt.),
  • l’hôtel Cheval Blanc, col de la Schlucht,
  • l’hôtel du lac Blanc (col du calvaire)
  • la maison forestière du Herrenberg (Mittlach) qui relevait la hauteur de neige vers la crête à 1100 m

Comme actuellement, les chutes de neige dans les Vosges étaient très irrégulières. En 2012 elles sont plus rares et de plus faibles hauteurs. Cependant 1912 n’a pas connu de période de grand froid. Comme de nos jours, la neige tombait quand on ne l’attendait plus, notamment en mars et avril. On se souvient des cars en difficulté lors d’assemblées générales au Grand Ballon. Le 17 avril 1998, une voiture d’un de nos bénévoles était restée bloquée dans un mur de neige près de l’hôtel.

En 2012 nous avons constaté, lors de nos sorties neige

  • Le 8 janvier Schlucht Hohneck : brouillard, froid, très froid aux endroits exposés aux rafales de vent.
    Neige suffisante env. 20 cm  température estimée -5 à -10°
  • Le 15 janvier Schnepfenried beau temps, environ 20 cm de neige entre -3 et +3°
  • Le 22 janvier Feldberg, neige a/p de 900m, brouillard, env -5° Jusqu’à 1 m de neige vers le sommet, 20 cm à 1000 m.
  • Le 29 janvier Col du Calvaire, Tête des Faux, neige env. 20 cm au dessus de 900 m froid env.-6°, brouillard jusqu’aux aux sommets
  • Les 4 et 5 février Grand Ballon -20° (env.), neige à partir de 600m en, env. 40 à 50 cm prés des sommets, soleil et vent Nord est.
  • Le 12 février à la Schlucht -20°et  -8 vers midi au soleil, le matin vent froid N/E, peu de nouvelle neige.
    Température le matin à Strasbourg , -12°.
    Les températures indiquées sont des valeurs sous abri.

Gilbert Kaisser 2012